Le Zambèze
Le Zambèze est long de 2 750 kilomètres. Ce fleuve d’Afrique australe prend sa source dans le Nord de la Zambie. Il fait ensuite une courte incursion en Angola, revient en Zambie dont il délimite les frontières avec la Namibie, le Botswana et ensuite avec le Zimbabwe. Il finit sa course dans l’océan Indien. Les rapides présents en aval des chutes Victoria dans le canyon basaltique font partie des plus beaux endroits du monde pour les sports d’eau vive. Le Zambèze est une destination mythique pour les personnes à la recherche d’adrénaline à bord de rafting, de canoë ou de kayak. C’est le paradis des les amateurs de sensations fortes.
Le kayak trip
Paul Carrillo est à l’origine de ce voyage en Zambie. Un an auparavant nous y étions allés avec mon frère Florent pour y fêter ses 30 ans. Je n’avais donc pas prévu d’y retourner. Paulo m’a motivé et un soir nous avons pris les billets. Malheureusement Paulo s’est luxé l’épaule le week-end suivant en franchissant une chute.
Du coup je me retrouve à l’aéroport en Afrique du Sud avec deux parfaits inconnus : Guillaume Hasson et Kévin Le Meur.
Nous atterrissons à Livingstone en Zambie. Dès la sortie de l’avion la chaleur est étouffante. Heureusement l’équipe de notre hôtel est là à notre sortie pour nous conduire avec nos kayaks au Jolly Boys. Le monde du kayak connaît bien ce havre de paix.
Rapidement nous contactons Bundu Adventures pour naviguer dès le lendemain. C’est un véritable plaisir de retrouver les amis de Bundu dont Chuma et Clement Mandela.
Les chutes Victoria
Nous arrivons aux chutes Victoria. Ces chutes sont l’endroit le plus spectaculaire du cours du Zambèze. Elles constituent la plus grande cataracte du monde. Nous remontons le fleuve pour nous rendre sous les chutes. Elles font plus de 100 mètres de haut. L’eau y tombe avec force et l’effet brumisateur nous permet de supporter la chaleur. Nous en profitons pour jeter un œil à la fin des Minus (rapides situés avant la partie classique.)
De jolis rapides
Et puis c’est parti pour descendre des rapides aux noms évocateurs : Morning Glory, Stairway to Heaven, Gulliver Travels. Nous n’osons pas nous mesurer au rapide numéro 9 alias Commercial Suicide. Le niveau d’eau est un peu élevé et l’appréhension beaucoup trop importante. Il faut passer entre deux rouleaux, celui de gauche étant monstrueux et celui de droite guère plus réjouissant. L’idée de tomber dans un de ces rouleaux et de devoir attendre que le destin décide de la durée de la correction est tout à fait terrifiante.
Et puis il y a tellement de jolis rapides. L’eau est chaude et l’ambiance excellente.
De jour en jour nous prenons nos marques. Nos journées sont rythmées par des levers aux aurores, des petits déjeuners composés de mangues fraîchement ramassées par nos soins et des belles séances de navigation.
Expérience unique en pirogue
Nous réservons une journée pour aller faire un tour de pêche en pirogue en amont des chutes Victoria dans le village où vit la famille de Joseph N Lubinda. Cette expérience en dehors des sentiers battus fait partie de l’essence même des Trips en Kayak. Les pirogues, appelées Micolo, sont taillées dans le tronc même de l’arbre. Cette tâche demande plusieurs jours de travail.
Nous passons toute la journée à pêcher sous un soleil de plomb en nous tenant à distance des hippopotames qui n’aiment vraiment pas partager leur territoire. Bon à savoir : quand ils baillent ça n’est pas un signe de nonchalance mais d’agression. Malgré les efforts tenaces de Guillaume qui n’a rien lâché, en bons kayakistes nous n’avons rien attrapé. Nous retournons au village groggy de soleil. Une douceur agréable émane de ces cases entourées de jardins. Les villageois y mènent une vie simple et belle.
Le rapide numéro 9
L’avant dernier jour arrive. Depuis plusieurs jours le rapide numéro 9, Commercial Suicide, nous tente de plus en plus. Après un bon repérage nous nous décidons à tenter notre chance. Pour les meilleurs kayakistes du monde passer ce rapide est une formalité. Pour nous c’est très différent. Une erreur de trajectoire nous emmènerait directement dans un des deux terribles rouleaux. Le sort d’un kayakiste y terminant sa course est peu enviable. La violence de ces mouvements d’eau est impressionnante et le temps où nous resterions prisonniers est incertain.
Je monte dans mon kayak. Mon cœur bat la chamade. Dernier check avec Guillaume et je m’élance sur la partie plate située avant le rapide en essayant de me placer au bon endroit. Quelques mètres avant le rapide la peur disparaît et se transforme en concentration. Les éléments sont en place. L’unité est là. Le temps est suspendu. A la fois bref et infini. Moment de grâce ou de chance, la belle langue d’eau verte se déroule devant ma pointe avant et m’offre mon billet de sortie. Dès la fin du rapide je me retourne dans l’attente de voir Guillaume. Il apparaît. Soulagement et joie intense. Le Trip touche à sa fin et nous l’avons fait. La vie est belle sur le Zambèze ! Nous clôturons cette journée par une chouette soirée.
Opération Tiger Fish en kayak
Le dernier jour est là, ainsi que la fatigue de la soirée de la veille. Je regarde mes compagnons et leur dis « il nous manque juste une chose. » Regards complices. Ils comprennent tout de suite que la seule chose qui nous manque est la prise d’un poisson tigre. Nous décidons donc de ne faire que les rapides de 1 à 10 avant de pêcher sur le grand plat situé en aval.
L’attaque
Après 40 minutes de pêche sans succès c’est la touche. L’attaque est violente et procure une bonne dose d’adrénaline. Elle a lieu juste à côté du kayak. La bête tracte mon kayak et met le frein de mon vieux moulinet à rude épreuve. L’eau est chargée en sédiment. Je veux juste voir le Tiger Fish. Je suis ébahi quand je vois la taille du premier reflet du poisson tigre. « Il est énorme ! » Le combat dure une quinzaine de minutes. Nous sacrifions le poisson malchanceux pour l’offrir à notre chauffeur et aux porteurs. Ils sont ravis et le partagent en quatre.
Un casting à la hauteur du décor
Et voilà le voyage se finit sur une touche finale magnifique. Il est temps de remercier les amis locaux et de rentrer. Le kayak est un sport qui permet de découvrir des endroits uniques, de faire de belles rencontres et de partager des moments intenses. Ces moments de partage tissent rapidement des liens forts. Les inconnus du départ sont devenus des amis. Dans un kayak Trip je suis convaincu que le casting est aussi important que le décor. Dans ce cas le casting était à la hauteur du décor.
Le danger des barrages hydroélectriques
Les barrages sur le Zambèze entrainent un désastre écologique. La construction de deux barrages majeurs régulant le flux du fleuve a eu des conséquences irréparables sur la faune et la flore et les populations de la région du Zambèze inférieur. Les écosystèmes des zones humides en aval des barrages sont considérablement altérés.
La fin des inondations saisonnières annuelles a entraîné une réduction radicale de l’aire d’habitat et de la quantité de nombreux animaux : buffles, zèbres, girafes et éléphants. Le blocage des sédiments entraîne également la réduction de la couverture des mangroves, accroit fortement l’érosion de la région côtière et engendre l’effondrement des ressources piscicoles nécessaires à la survie des pêcheurs locaux.
Un projet de construction d’un autre barrage est en cours. Le début de la construction devrait avoir lieu à la fin 2020. Si ce projet d’un montant de 4 milliards de dollars voit le jour, non seulement l’impact écologique sera désastreux mais les rapides mythiques seront également noyés. Nos amis guides touristiques, chauffeurs, porteurs, guides de rafting perdront leur travail.
En route pour des aventures en rafting dans les Pyrénées
Dès la fin du confinement nous aurons le plaisir de vous retrouver sur les gaves d’Ossau et de Pau pour de nouvelles aventures à bord de rafting ou de kayak à la recherche d’adrénaline ou de dépaysement.